Doit-on se méfier des energy drinks ? Nous t'apportons des éléments de réponse en compagnie du Docteur Thierry Buclin, médecin-chef en pharmacologie et toxicologie au CHUV.
Le Docteur se veut tout de suite rassurant: «actuellement, aucun décès directement imputé aux boissons énergisante n'est à déplorer. D'ailleurs, le lien entre leur consommation et la mort par arrêt cardiaque reste encore à démontrer. Mais, il est clair qu'à haute dose, il y a un risque d'accélération du rythme cardiaque». Principale raison d'une telle hausse? La caféine.
Du café? Les energy drinks en possèdent beaucoup. Un berlingot standard de 250 ml contient l'équivalent de quatre expresso. Or il est recommandé de ne pas boire plus de six tasses de café par jour. Une surconsommation de caféine peut provoquer irritabilité, nervosité, insomnies et anxiété. Des tremblements, des vertiges, des nausées voire des crises d'épilepsie sont à craindre. Une surdose de café présente aussi des risques cardio-vasculaires (palpitations cardiaques, cholestérol et tension artérielle augmentés). De plus, le café a des vertus diurétiques, ce qui accroît le risque de déshydratation. «Et des problèmes rénaux peuvent apparaître», souligne le médecin.
Par leur forte teneur en caféine, les boissons énergisantes consommées à haute dose peuvent induire une perte de la densité osseuse, ce qui augmente le risque de fractures.
En outre, une consommation régulière d' energy drinks peut provoquer un risque d'accoutumance, tout comme la prise de café. «Un syndrome de sevrage peut alors apparaître avec des effets indésirables: fatigue, dépression, diminution de la concentration et maux de tête. Mais ces effets varient fortement d'une personne à une autre», précise Thierry Buclin. Il est ainsi conseillé de ne pas boire plus de deux canettes de boissons énergisantes par jour. Toutefois, ces boissons ont aussi leur vertus: «elles sont riches en sels minéraux, nécessaires au fonctionnement cellulaire, et en vitamines», informe le médecin.
Associés aux spiritueux, les energy drinks forment un véritable cocktail explosif. «Le sucre présent dans ces boissons masque le goût de l'alcool, ce qui peut provoquer une consommation encore plus élevée. Des conduites à risque, comme la prise du volant sous état d'ivresse, sont alors à craindre», met en garde Thierry Buclin.
La spirale de la dépendance alcoolique guette aussi! Une étude publiée dans le journal scientifique «Alcoholism: Clinical and Experimental Research» a, en effet, mis en évidence que la consommation de ces potions énergisantes pouvait, à long terme, engendrer une dépendance alcoolique.
Selon l'OFS, plus d'un tiers des jeunes de 15 à 24 ans disent consommer régulièrement ce type de boisson. En effet, aucune mention sur la canette n'interdit d'en vendre aux mineurs. Idem pour le Ministère de la Santé français, qui met en garde contre de telles potions magiques en conseillant aux femmes enceintes, aux sportifs et aux enfants de ne pas les consommer. La France recommande également de ne pas les associer à de l'alcool ou à la prise simultanée de médicaments. Si l'Hexagone a interdit la consommation de boissons énergisantes dans les enceintes de ses établissements scolaires, certains pays vont encore plus loin. Ainsi, la Suède n'autorise pas la vente de ce type de substances à des enfants de moins de quinze ans. En Uruguay et au Danemark, ces boissons sont carrément interdites. En Suisse, où les energy drinks circulent en toute légalité, la loi stipule que le taux de caféine d'un produit ne doit pas être supérieur à 140 mg par 250 ml: précisément le taux contenu dans une canette de Red Bull.
Si une surconsommation de telles substances n'est pas sans risque pour la santé, le marché des boissons énergisantes, lui, se porte à merveille avec un chiffre d'affaire annuel en constante évolution et dépassant les milliards de francs!
MB